MATERIELS
La réversibilité ou comment sortir d'un contrat d'infogérance (suite)
Lorsque l´on sous-traite la gestion de son système informatique à une société spécialisée, la sortie du contrat d´infogérance doit être minutieusement préparée. Les dix recommandations de Pierre Laigle (photo), fondateur et dirigeant de la société de conseils KLC.
6. Un projet à part entière
La phase de réversibilité doit se mener comme un projet à part entière avec un chef de projet chez le client et un chef de projet chez le nouveau prestataire (qui peut fort valablement ne pas être celui ou celle qui pilotera le contrat par la suite, compte tenu des compétences spécifiques à déployer). En fait, cette phase comporte trois projets : la fin du contrat résilié, la mise en place du nouveau contrat et la réversibilité. Il ne faut en négliger aucun et prévoir des ressources dédiées et une provision budgétaire de sécurité au-delà des termes du contrat. À titre de repère, le coût de la réversibilité pour le client est de l´ordre de 10% d´une année d´infogérance.
7. Rester impartial
Contre toute attente, l´expérience montre qu´en phase de réversibilité, il y a plus à craindre des équipes internes du client qui montreront des préférences pour l´un ou l´autre des deux prestataires et nuiront au bon déroulement des opérations, que des équipes opérationnelles chez les infogérants. Les techniciens se transmettant du savoir et des expériences sont généralement positifs et motivés. Le client doit donc veiller à sa propre partialité, s´efforcer de jouer un rôle d´arbitre entre les deux prestataires et dresser une matrice de responsabilité pour définir clairement le rôle de chacun. Par contre, et c´est difficile, il doit éviter d´intervenir directement dans le déroulement des travaux. Il faut savoir qu´en pratique les clauses ardemment défendues de recours à assistance technique auprès de l´infogérant "sortant" après rupture du contrat sont très rarement utilisées. En revanche, les transferts de personnel clé de l´ancien au nouvel infogérant fonctionnent généralement très bien.
8. Ne pas négliger les tâches logistiques
En phase de réversibilité il ne faut pas négliger les multiples tâches très concrètes de type logistique, déménagement de matériel, installation de la cohabitation de deux prestataires... qui nécessitent un planning très détaillé à suivre rigoureusement car trois parties au moins sont concernées (plus s´il y a des sous-traitants). Ces tâches constituent la plus grosse part de la mise en œuvre d´une réversibilité.
9. Anticiper les litiges
L´arrêté de situation peut se révéler un exercice délicat. Il n´est pas rare de découvrir un engagement en cours sur des licences ou des paiements de matériel dont la propriété n´est pas transférée, alors que pour le client tout était transparent au sein d´un forfait ou encore des opérations ou projets facturés qui ne sont pas totalement terminés... Il convient donc dans la mesure du possible d´anticiper au maximum les litiges possibles sur l´arrêté de situation.
10. Rester confiant
Toutes ces recommandations s´appuient sur des cas réels mais dans l´ensemble, la mise en oeuvre d´une réversibilité est aujourd´hui une opération courante, dont les risques sont connus et maîtrisés, et la très grande majorité des réversibilités que nous avons vu pratiquer récemment se sont déroulées dans de bonnes conditions.
